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Dàbǎo
3 novembre 2012

Un week-end hors de Shanghai, partie 2 : Huangshan, l'expérience du tourisme à la chinoise

Un tour en montagne... Au calme, en pleine nature, au milieu de la brume poétique qui inspira aux poètes et peintres ces images de monts à demi-réels, recueil des promeneurs solitaires d’humeur rêveuse… ?

Et bien, non, dommage ! Au placard mes clichés sur la Chine poético-mystique des estampes… Rien de tout ça aujourd’hui, la montagne est à l’instar de la ville, surpeuplée. Damned !

Introspection de soi, détachement du quotidien et retour à la simplicité, d’ordinaire favorisé par la marche en montagne, se sont vus troqués contre une petite partie d’analyse sociologique.

Huangshan, ce sont donc de nombreuses montagnes, dont la plus haute culmine à 1864m, fameuses pour leur végétation (principalement des conifères, pour les quelques férus de botaniques que je connais…mais désolé je ne peux vous en dire plus) et pour la brume qui habille la plupart du temps les différents pics de granit.

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La première étape pour voir cette vue de carte postale, c’est d’arriver au départ du chemin. Pour ça il faut se rendre à Tangkou, faire la queue, car oui, même à 7h du matin il y a déjà foule (le chinois est motivé et se lève tôt), acheter des tickets de bus pour se rendre au départ de l’ascension, donner des coudes pour ne pas se faire doubler dans la file d’attente des bus (le chinois est coriace là-dessus, même quand on est une fille), prendre le bus, refaire la queue pour acheter son billet d’entrée, passablement cher (230 yuan, soit environ 26 euros, 115 si on est étudiant).

Et là ça y est, il est 9h, votre journée a commencé à 6h, mais vous pouvez commencer…

Pour monter en haut du premier pic, il faut gravir des escaliers - qui soit dit-en passant sont de magnifiques exemples d’intégration réussie au paysage : la sobriété de la roche brute, pas de rambarde affreuse comme le stipulerait certainement le règlement à la française d’un site aussi touristique. Vous allez penser que grimper une montagne en montant des escaliers, c’est fastoche… et bien croyez-moi au bout de trois heures, les escaliers ça commence sérieusement à tirer, même quand on a déjà fait pas mal de marche en montagne. Donc les chinois ont pensé à tout et surtout à tous, et ils ont installé des téléphériques. Beaucoup moins réussi tout de suite l’intégration au paysage.

Mais comme on est courageuse nous, on s’est contenté des escaliers.

En montant Huangshan, on ne se sent jamais seul, il y a des gens devant, derrière, d’autres qui font  des pauses le long du granit, certains qui écoutent de la musique et le font partager à tout le monde, d’autres qui hurlent, on ne sait trop pourquoi et puis il y a tous ces gens qui vous demanderont ou vous agripperont sauvagement afin de faire des photos avec eux… C'est décidément super classe en Chine d’avoir une photo avec des inconnus occidentaux, aussi transpirants soient-ils.

Si vous vous sentez un peu patraque, ou que vous avez envie de ramener un superbe souvenir original, pas de soucis ! Il y a des points de vente le long de l’ascension et ce en toute harmonie : les prix montent avec l’altitude.

Donc on est montée, on est montée et on a cru être arrivées en haut, mais ça c’est parce qu’on n’y voyait rien… Pour le coup la brume donnait vraiment un côté mystérieux-charmant au tableau, tellement mystérieux d’ailleurs qu’on s’est perdues. Et oui car le principe c’est qu’une fois arrivé en haut vous pouvez encore marcher pas mal, dans différentes directions, sur différents pics. Ce qui est chouette. Mais là, on voulait juste trouver notre hôtel avant d’être engloutie par la brume, le froid et la nuit (bon il était 12h…).

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On a fini par le trouver, je ne ferai pas de commentaire sur les hôtels qu’on trouve en haut de Huangshan car ça serait aussi inintéressant que leur architecture (ah ! si peu de sensibilité dans un tel lieu ! Crime !), mais en tout cas celui-ci, le Panyu-Lou, nous a hébergé au chaud pour la nuit. Après s’être restaurées (=s’être empiffrées), s’être reposées (= s’être endormie comme des larves), on est sorties voir ce qui se tramait aux alentours. On est alors tombées sur un coin assez joli où l’on pouvait voir des pics apparaitre les uns derrières les autres, selon les mouvements des nuages. A chaque fois que la brume se dissipait, les « aaah ! », … « ooooh ! » des chinois enthousiastes faisaient de la nature un spectacle assez marrant à regarder.

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Le lendemain matin M. et moi, on voulait voir le lever de soleil. Ben oui, mais … comme tout le monde !  Donc on n’a rien vu… si ce n’est des chinois serrés comme des sardines sur une montagne regardant un ciel, qui de tout de manière était trop embrumé pour qu’on voit le soleil… !

Avant de descendre, et pour rejoindre le point où ça descend vraiment, on s’est baladé pendant environ une heure. Du coup on s’est retrouvé en même temps que tous les groupes touristiques, vous savez, ces groupes de chinois guidés par un gars qui tient un drapeau, sauf que là en plus le guide, il a un micro dans lequel il parle (beugle ?), donc si vous mettez plusieurs groupes à quelques dizaines de mètres les uns des autres, vous obtenez… une véritable cacophonie en pleine montagne ! Magique ! Une vision qui me reste dans la tête comme un parfait oxymore.

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Et nous voilà parties pour redescendre toutes les marches qu’on a lentement surmontées… En descendant, on est frappées par le nombre de colporteurs que l’on croise, j’en ai compté 111 sur les environ 1h30 qu’il nous a fallu pour arriver en bas. Ces hommes passent la journée, surement pour pas grand-chose, à monter ces foutues marches, et les descendre au pas de course, chargés comme des mulets pour ravitailler les hôtels au sommet… Quand on visualise le nombre de visiteurs, qu’on imagine la quantité de vivre nécessaires, la méthode de ravitaillement paraît non seulement archaïque mais aussi complètement inhumaine. Et pourtant… il y un téléphérique qui monte là-haut…  C’est assez insupportable en fait, à mes yeux, qu’un lieu qui reçoit autant de visiteurs et d’argent, puisse légalement employer des gens dans de tels conditions… Mais ça bien sur c’est le point de vue d’une française, et sur la question du travail, peu probable qu’on soit un jour d’accord.

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Commentaires
B
La randonnée telle qu'on la conçoit en Europe, non je ne crois pas que ça soit très répandu en Chine ... <br /> <br /> Il y a plusieurs montagnes très touristiques comme Huangshan, mais je ne suis pas sure que les chinois les montent car ils aiment la grimpette... <br /> <br /> Quant aux autres montagnes...aucune idée, elles sont pas dans les guides ;)
D
" A chaque fois que la brume se dissipait, les « aaah ! », … « ooooh ! » des chinois enthousiastes faisaient de la nature un spectacle assez marrant à regarder."<br /> <br /> ...<br /> <br /> "Regarder la télé ? Alors qu'il y a le ciel ! " S.Tesson<br /> <br /> J'imagine la scène, ça doit être rigolo, effectivement... J'avais entendu que le concept de randonnée était un truc qui prenait pas du tout en asie ; tu confirmes ? <br /> <br /> Ils sont pas déçus les chinois qui viennent visiter les pyrénées ? Ah, on me dit dans l'oreillette que les chinois ne viennent pas visiter les pyrénées...<br /> <br /> bisous
Dàbǎo
  • Dàbǎo parle d'espaces, de lieux, de villes, traversées ou vécues. Un mélange de carnet de voyage, de notes personnelles, de photographies. Tout ce qui permet de garder les yeux bien ouvert et l'esprit vagabond...
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