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Dàbǎo
12 mars 2013

Février

Février est déjà là.  Avec lui le froid glacial de Beijing, que l’on découvre sous un grand ciel bleu – dire qu’on m’avait vendu les nuages opaques de la pollution et l’air irrespirable ! Depuis notre hôtel perdu (comme nous en le cherchant) dans les hutongs[1], on explore quelques coins de cette immensité urbaine[2]. A commencer par la place Tian’AnMen, à l’échelle de la ville, démesurée. Mais surtout déserte, froide, surveillée. Barricadée de tous côtés, elle est encadrée à l’ouest et à l’est par l’Assemblée du Peuple et le musée national, des architectures staliniennes pas très commodes. Comme les gardes postés à chaque entrée. Au nord Tian’AnMen donc, ou la porte de la Paix céleste (entrée principale de la Cité Interdite), qui affiche encore fièrement le portrait de Mao. D’ailleurs au vu de la queue qui s’étend tous les matins devant son mausolée, il a certainement encore de beaux jours de défunt devant lui. Non loin de là, un opéra[3] bling-bling a remplacé les hutongs. Perdu au milieu de son étang, il est distant de tout et symbole de quoi ?

B

Si vous voulez esquisser une coupe schématique de la ville (ben oui pourquoi pas ?) ou juste voir le soleil couchant briller sur les toits de la Cité interdite, je vous conseille vivement de grimper en haut de la colline de Charbon. De ce point on remarque le profil singulier de la capitale chinoise : un centre (première et deuxième couronne) très bas – de sorte que la Cité impériale soit la plus haute construction – et des couronnes extérieures,  au contraire très élancées. Pas de doute, c’est dans ces « faubourgs » que s’élève le Pékin moderne. Parmi eux retrouvez quelques réalisations de starchitectes : la CCTV de Rem Koolhaas et Galaxy Soho de Zaha Hadid. Mais la meilleure vision de ces quartiers de tours c’est celle, à demi magique, que l’on a depuis un taxi, la nuit, sur les routes surélevées. Au milieu des grattes-ciels, de la nuit et des lumières ponctuelles, à toute allure.

A Beijing, il fait tellement froid que tous les lacs sont gelés, même celui – éléphantesque[4]– de Kunming (220ha), qui fait partie du majestueux Palais d’été. L’occasion de sortir ses patins à glace, ou sa luge pour vieux (version fauteuil), ou si on n’est pas très doué (comme moi et mon aînée) de simplement marcher dessus en essayant de ne pas se casser la margoulette (comme diraient mes ancêtres), ça sera déjà bien.  Le palais[5] s’étend sur le flanc de la montagne, des galeries aux perspectives infinies et colorées mènent aux différents halls, la disposition des différents bâtiments guidant l’ascension de la colline de la Longévité. L’ensemble est magnifique : les poteaux s’appuient sur le relief irrégulier, la pierre de la construction fait écho à son site tandis que le bois peint et les céramiques apportent des touches de couleurs lumineuses. Une vraie, belle promenade architecturale.

pde

Février, la Cité Interdite est sous la neige, figée dans une éternité silencieuse. Les halls se succèdent, alignés dans une harmonie parfaitement symétrique. De part et d’autre le dédale des allées attenantes, le charme des cours à demi cachées, des jardins secrets. Pourpre comme ses murs ou ses souvenirs planants : histoires mythiques d’Empereurs, de concubines et d’eunuques.

La grande muraille est elle aussi recouverte de blanc, mais son un ciel bleu on distingue son étendue infinie. Drôle d’ouvrage titanesque.

Une balade dans les hutongs et c’est déjà l’heure de quitter la capitale…

hutong

Février se poursuit à Yangshuo, petite ville du sud de la Chine. L’arrivée  se fait à une soixantaine de km de là, à Guilin, dont on découvre à 1h du matin la douceur du climat. Après Pékin, on se croirait aux tropiques ! Un chauffeur nous aura heureusement attendus, malgré le retard du vol, pour nous conduire au Li village où j’ai réservé un hôtel. Il ne parle pas anglais et je me retrouve encore une fois frustrée de ne pas parler suffisamment chinois pour lui faire la causette, alors qu’il nous conduit en pleine nuit. De la brume nocturne émergent les silhouettes quasi fantastiques des pics karstiques – étonnantes montagnes, très abruptes mais pas très hautes, qui émergent d’un terrain complètement plat. A la lumière des phares, j’ai l’impression d’avoir débarqué sur une planète mystérieuse. A la lumière du jour, ça ne me semble toujours un peu fou.

Y2

On explore la région et ses champs fertiles à pied, à vélo et un peu en bateau. Après la grande métropole, ça ressemble à des vacances paisibles – au rythme de la vie, là-bas, à la campagne. On se fait chouchouter par notre hôte et un peu harceler par les habitants du coin qui veulent à tout prix nous faire prendre le bateau lorsqu’on veut marcher, nous vendre des trucs alors qu’on ne veut pas acheter ou nous guider dans une promenade qui n’a, de tout de manière, pas de choix multiples. On longe la rivière Li, on traverse champs et villages, on se perd un peu en route aussi, complètement déroutés par la géographie locale et les flèches dans tous les sens. En chemin on découvre le grand marché de Fuli, plein de bazar, de bruit et de tout ce qu’il est imaginable de manger (ou pas). Ca sent fort et ça fait grincer des dents de la mère, mais au moins on sait ce qu’il y a dans nos assiettes (du chien) vu qu’on découpe les carcasses juste sous nos yeux.

Y3

Y

Qui dit février dit nouvel an, les rues sont désertes et renvoient l’écho tonitruant des pétards, qui explosent à tour de rôle devant chaque palier. Aux alentours de minuit, les décibels atteignent un niveau inimaginable.

Février c’est aussi l’heure de faire mes adieux à Shanghai. Les derniers jours s’enchainent au pas de course et me voilà déjà dans le taxi, qui me conduit à l’aéroport sous les feux d’artifices persistants. Je n’avais pas eu le temps de réaliser et puis tout d’un coup c’était la fin…

 



[1]  Système urbain constitué de ruelles étroites qui desservent les siheyuan (habitation traditionnelle chinoise organisée autour d’une cour). Typique de Pékin, son équivalent shanghaien serait le lilong, qui lui est davantage caractérisé par le mélange des modèles occidentaux et chinois. Quartiers très bas, ils sont néanmoins denses car si les siheyuan étaient initialement pensé pour abriter une famille, plusieurs s’y entassent désormais.

[2] Pékin fait 16.000km² (et dire que je trouvais Shanghai immense avec ces 6400km² !)

[4] On n’emploie pas assez cet adjectif je trouve. (Pour ceux qui auraient des doutes, non le lac n’a pas la forme d’un éléphant)

[5] je dis « le palais », mais il faut plutôt se représenter une succession de palais, de galeries, de pavillons, etc. Au total environ 3000 bâtiments tout de même.

 

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Commentaires
[2] Pékin fait 16.000km² (et dire que je trouvais Shanghai immense avec ces 6400km² !)<br /> <br /> <br /> <br /> Oui pour la province de Pékin, pas pour la ville ;)
Dàbǎo
  • Dàbǎo parle d'espaces, de lieux, de villes, traversées ou vécues. Un mélange de carnet de voyage, de notes personnelles, de photographies. Tout ce qui permet de garder les yeux bien ouvert et l'esprit vagabond...
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